Des trois principales églises qui existent à Canari au hameau de Pieve, la plus caractéristique est sans contre dit, l’église piévane Santa Maria Assunta.
De style roman, construite par les pisans vers la fin du 12ème siècle, elle était, avant sa transformation aux environs du 18ème siècle, à nef unique terminée à l’est par une abside semi-circulaire qui a été abattue pour agrandir le choeur.
La nef réalisée en dalles de schiste vert, soigneusement appareillées, provenant d’une carrière proche, a été défigurée par la construction de deux chapelles latérales, l’agrandissement de l’abside, la construction d’un nouvel autel entre la nef et le choeur, et l’ouverture d’une large fenêtre au dessus de la porte principale.
La toiture de pierre du pays ( teghje) est supportée par une forte charpente apparente en bois, qui a défié les siècles. Si nous avons fini par découvrir la carrière d’où furent extraites les pierres taillées, nous ignorons par contre, la provenance de ces énormes poutres de pin, et nous ne pouvons en les admirant, ne pas songer aux innombrables difficultés qu’ont dû surmonter les bâtisseurs pour les transporter à pied d’oeuvre.
Comme toutes les églises romanes, la nef est décorée d’une corniche soutenue par de petites arcatures qui comportent également des masques humains, et des têtes d’animaux. Ses façades latérales sont percées d’étroites fenêtres meurtrières. Le linteau de la porte principale est décoré d’une frise et repose sur deux consoles gravées de masques humains. Le tympan a été crépi.
Dans la façade ouest et à droite de la porte, se trouve une pierre réutilisée représentant deux personnages aux mains ouvertes : entre eux, on distingue une sorte de disque. Il pourrait s’agir vraisemblablement, selon le père Montgolfier, ancien curé de la paroisse, d’une représentation naïve du péché originel (Eve offrant la pomme à Adam). Les deux façades comportent des inscriptions du 15ème siècle.
Sur la façade nord, on peut voir un petit château à trois tours crénelées, il s’agit sans doute, de la représentation du château médiéval des seigneurs du fief de Canari.
Sur la façade ouest de la chapelle nord, se trouve un étrange bénitier en pierre anormalement haut placé, selon la tradition orale, il était réservé uniquement au seigneur de Canari qui pouvait ainsi se signer lorsqu’il passait à cheval.
Sur la même chapelle, on peut voir une pierre réemployée, encadrée de masques préromans, portant une inscription latine de 1455 faisant allusion à un événement inconnu.
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SANTA MARIA ASSUNTA – Inscription sur la chapelle latérale. Sur la même chapelle, on peut voir une pierre réemployée, encadrée de masques préromans, portant une inscription latine de 1455 faisant allusion à un événement inconnu.
Hoc opus fecit fieri frater Iacopus Romanus predicator propter miraculum quem fecit nascere super lapidem triticum M°CCCCLV.
Cette inscription a été exécutée sur l’ordre de Jacques de Rome, de l’ordre des frères prêcheurs, en souvenir d’un miracle qu’il avait opéré en faisant pousser le blé sur la pierre, en l’an mille quatre cent cinquante cinq.
Transcription: Silio Scarfatti, Directeur des études médiévales à Pise