CANARI se devait de préserver sa mémoire industrielle 55 ans après la fermeture de l’usine d’amiante.
Histoire de l’amiante de CANARI et de « l’enfer blanc«
Tout a commencé en 1898 avec Monsieur Ange-Antoine Lombardi, maître mineur et forgeron qui découvrit un filon d’amiante.
En 1926, il y a eu la découverte du gisement. Un contrat est alors signé avec la société ETERNIT et des fouilles supplémentaires ont été autorisées en 1928. Une petite usine pilote traite environ 30 tonnes de minerai par jour pour une production de 400 à 600 kg d’amiante.
En 1938, des études sont lancées pour créer une usine qui produira 6000 tonnes par an après la guerre en 1950.
La production passe du stade artisanal à celui de l’industrie.
1940 : Création de la S.M.A. (Société Minière de l’Amiante), filiale de la société ETERNIT.
Avec la construction de la nouvelle usine en 1951, la production atteint 11556 tonnes en 1954 et avec l’extension de celle-ci en 1958, la production augmente régulièrement pour atteindre 25550 tonnes en 1961.
Entre 1941 et 1965, environ 12 millions de tonnes de stérile ont été rejetées à la mer ce qui a eu pour conséquence de combler une baie, de voir des plages artificielles s’étendre sur 40 hectares avec par endroit une profondeur de 300 m, causant un désastre écologique inquiétant dont on voit encore partiellement les effets aujourd’hui.
Le 12 juin 1965 à 10 heures, la sirène retentissait annonçant l’arrêt de l’exploitation de la carrière d’amiante de CANARI. Fin de l’aventure industrielle, pas de l’amiante.
Le 12 juin 2015 à 10 heures, anniversaire de la fermeture de l’usine, hommage a été rendu à ces quelques 1400 ouvriers venant d’horizons divers qui ont travaillé dans ce qu’ils appelaient « l’enfer blanc » et dont certains sont morts accidentellement sur le site et d’autres très nombreux, atteints d’asbestose disparus par la suite.
Que reste-t-il aujourd’hui ? Une friche industrielle appelée à disparaître dans quelques années et un film, réalisé à partir d’archives régionales, présenté le 12 juin 2015. Film dont les images dépassent l’imagination, prouvant que « l’enfer blanc » a été une réalité vécue par tous ces travailleurs et dont les commentaires peuvent paraître désuets à la vue de ces images.
Dante Alighieri a écrit la divine comédie. Ici, tout était dantesque.
300 personnes travaillaient en permanence dans des conditions extrêmes pour que vivent leurs familles et que tourne l’usine 24 heures sur 24. Elles pensaient trouver l’eldorado, elles ont vécu l’enfer.
Ici les ouvriers ont écrit, et, pour toujours, en lettres d’or, la tragédie humaine.
Film qui scelle à jamais la mémoire industrielle de CANARI.
A voir impérativement, bienvenue à vous.
Armand GUERRA